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Distinguer des objets tubulaires semblables en utilisant la réflectométrie d'impulsion : une étude des branches d'embouchure de trompette et de cornet.

J M Buick1, J Kemp1, D B Sharp2, M van Walstijn1 , D M Campbell1 et R A Smith3

1 Département de physique et d'astronomie, JCMB, université d'Edimbourg, route de Mayfield, Edimbourg EH9 3JZ, R-U
2 Département d’ingénierie de l’environnement et de construction mécanique, université ouverte, Walton Hall, Milton Keynes MK7 6AA, R-U
3 Instruments de Musique Richard Smith, 110 The Vale, Southgate, Londres N14 6AY, R-U

Reçu le 13 août 2001, mis en forme finale et admis pour la publication le 11 mars 2002
Publié le 18 Avril 2002
En ligne à stacks.iop.org/MST/13/750

Résumé.
Cet article traite de la mesure du rayon interne d'un certain nombre de branches d'embouchure semblables, courtes et tubulaires en utilisant la réflectométrie d'impulsion. La réflectométrie d'impulsion est une technique acoustique pour mesurer la perce interne d'un objet tubulaire en analysant les réflexions qui se produisent quand une impulsion acoustique est envoyée dans l'objet. Les branches d'embouchure sont conçues pour former la partie initiale d'une trompette ou d’un cornet et leurs rayons internes diffèrent de moins de 0,1 millimètre entre des branches semblables. On étudie la capacité du réflectomètre à détecter ces petites différences, qui sont considérées par les instrumentistes comme produisant une différence apparente dans le son d'un instrument. On voit que le réflectomètre d'impulsion peut distinguer des branches d'embouchure avec des rayons nominaux différant d’aussi peu que 0,03 millimètre, démontrant son potentiel dans l'étude des instruments de musique et prouvant qu'il peut être utilisé comme outil diagnostique par le fabricant d'instrument pour détecter des défauts qui sont assez significatifs pour changer l’acoustique de jeu de l'instrument. La précision absolue des mesures de rayon est également considérée à l’extrémité de la branche d'embouchure, où l'incertitude est de ±0,05 millimètre.
Mots-clés : réflectométrie d'impulsion acoustique, profil de perce, branches d'embouchure.

1. Introduction.

Dans la production et l'évaluation des instruments de musique à vent, il est très utile que le fabricant puisse étudier la perce interne, puisque le jeu de l'instrument est déterminé en fin de compte en grande partie par ce profil. Bien que le rapport entre la forme de perce et l'acoustique de l'instrument soit très compliqué, la capacité à obtenir une description détaillée du profil interne de l'instrument peut être utile au fabricant, en particulier comme outil diagnostique permettant de faire des comparaisons entre les « bons » et les « mauvais » instruments. Les comparaisons de ce type peuvent indiquer exactement les endroits où le fabricant peut intervenir pour améliorer le jeu d'un « mauvais » instrument. Dans ce papier, nous considérons l'étude d'un certain nombre de branches d'embouchure pour trompettes et cornets. Elles constituent la partie initiale de la trompette ou du cornet et ont été conçues par le fabricant avec une série de perces légèrement différentes afin de varier les qualités musicales de l'instrument.

Pendant de nombreuses années, la perce interne des instruments de musique a été mesurée à l'aide d’outils tels que le pied à coulisse. Bien que ceux-ci puissent donner une mesure précise de la perce, il n'est généralement pas possible d'accéder à la totalité de l'instrument et on obtient ainsi un profil incomplet. Produire un profil détaillé dans les régions accessibles exige un grand nombre de mesures simples et peut prendre du temps. Le domaine accessible peut être étendu en insérant des objets d'une taille connue (ou d'une taille qui peut être mesurée avec le pied à coulisse) dans l'instrument. Ceci peut également prendre du temps, et la région de mesure est limitée à partie rectiligne à chaque extrémité de l'instrument, ou au voisinage des parties qui peuvent être démontées (par exemple la coulisse d’un trombone). En outre, les courbures dans un tube produisent habituellement des irrégularités de perce, et ainsi le seul moyen de mesure restant consiste à couper le tube en tranches et à faire de nombreuses mesures de chaque tranche. Une méthode alternative pour obtenir des profils de perce consiste à mesurer d'abord l'impédance d'entrée de l'instrument. Celle-ci est définie comme le rapport de la pression acoustique au débit alternatif à l'entrée à l'instrument. Le profil de perce et l'impédance d'entrée sont étroitement liés et, en principe, le profil de perce peut être dérivé d'une mesure d'impédance d'entrée. Jusqu'ici, les tentatives pour mesurer la perce de cette manière se sont révélées difficiles. Récemment [1] on a montré que la reconstitution de la perce à partir de l'impédance d'entrée est faisable en utilisant une technique d'optimisation. Cette approche est actuellement poursuivie par l'auteur de [1]. Actuellement sa résolution le long de l'axe de l'instrument mesuré est limitée par la bande passante du système ; la méthode est prometteuse en terme de précision, mais cette technique exige des ressources informatiques importantes. Dans cet article nous considérons une troisième technique : la réflectométrie d'impulsion acoustique.

La réflectométrie d'impulsion est une technique de mesure non-intrusive qui peut être appliquée pour obtenir des mesures internes des objets tubulaires. La technique a été développée pour la première fois pour les études sismiques [2] et a été également appliquée à la mesure des voies aériennes dans des applications médicales [3-5]. Smith [6] a été le premier à utiliser la réflectométrie d'impulsion pour détecter des débris et des imperfections dans des trompettes non détectables ni mesurables par les méthodes traditionnelles. Une imperfection de grand intérêt pour les joueurs de cuivres est le défaut d'alignement des pistons, et dans les essais on détectait aisément un écart de 0,25 millimètre. Plus récemment la technique a été appliquée à l'étude d'autres instruments de musique [7-10] aussi bien qu'à des objets tubulaires quelconques [7, 11, 12]. La réflectométrie d'impulsion consiste à envoyer une impulsion sonore courte, contenant une large gamme de fréquences, dans l'objet à mesurer. Les réflexions internes de cette impulsion sont alors enregistrées et on obtient la réponse d'impulsion d'entrée. La réponse d'impulsion d'entrée peut alors être utilisée pour calculer la perce interne [7, 11, 13, 14] de l'objet.

Les qualités musicales d'un instrument (justesse, timbre et réponse) dépendent fortement du profil de perce de la colonne interne d'air. Les petits cuivres, tels que la trompette ou le cornet, peuvent être caractérisés par trois sections principales de tube en laiton. La section la plus évidente d'une trompette est le pavillon, qui est fixé à la partie cylindrique (d’un diamètre d’environ 11,8 millimètres) contenant les pistons (permettant au musicien de jouer une gamme chromatique) et la coulisse d'accord fin à une fréquence standard. Cette section est reliée à l'extrémité de l'embouchure (diamètre d'approximativement 7 millimètres) par un tube conique de 250 millimètres appelé la branche d'embouchure. Smith et Daniell [15] ont étudié l'effet sur les qualités musicales de petits changements de l'ordre de 0,1 millimètre aux formes de perce des trompettes. En raison d'un effet proportionnel, ces changements ont un effet bien plus grand sur les sections de petit diamètre telles que la branche d'embouchure que sur n'importe quelle autre partie de l'instrument, et il ressort des essais que certains instrumentistes peuvent détecter ces petites différences. En conséquence le fabricant de cuivres Smith-Watkins [16] fournit à ses clients un choix de 15 profils différents interchangeables de branche d'embouchure sur leur modèle de trompette. Ces tubes coniques sont produits par tréfilage c.-à-d. en forçant à travers un bloc de plomb un tube en laiton recuit enfilé sur un mandrin en acier durci de forme spéciale. Avec le contrôle total de la fabrication et la mesure finale de chaque branche, Smith-Watkins est certain de reproduire le même objet réalisé initialement il y a 16 ans. En fait, Smith a obtenu en 1999 le prix du « produit du millénaire » pour le système interchangeable de branche d'embouchure utilisé sur son cornet « Soloist »[16]. Un cornet a une plus longue branche d'embouchure (approximativement 360 millimètres) qu'une trompette ; puisque la branche d'embouchure de cornet est recourbée en un grand demi-cercle, la mesure interne est impossible par des moyens traditionnels tels que le pied à coulisse.

Un certain nombre de branches d'embouchure de cuivres Smith-Watkins ont été utilisées dans cette étude. Les branches d'embouchure de trompette sont identifiées par un numéro et sont de trois familles : {10, 12, 14, 16}, {32, 34, 36, 38} et {64, 66, 68, 70, 72}, produites sur les mandrins I, II et III respectivement. Dans chaque famille le diamètre de branche augmente avec le numéro de branche. Chaque branche a la même longueur et le même diamètre final. Les branches d'embouchure de cornet sont basées sur cinq formes qui sont numérotées, par diamètre croissant, R0, A0, G0, T0 et K0. Les branches G2 et G4 sont également construites avec la même forme que G0 mais avec des rayons légèrement plus grands. De même sont également produites les branches K2, K4, A2, R2 et T4. Noter que les numéros sont utilisés pour marquer les branches et n’ont aucune signification précise autre que la tendance générale que, dans une famille, un numéro plus grand correspond à une branche plus large.

Puisque tout fabricant est principalement intéressé à observer la différence entre des branches « semblables » (qui sont prévues pour être identiques) ou des branches « différentes » (conçues pour produire un son différent), notre étude est centrée sur la question de déterminer si le réflectomètre d'impulsion est capable de ces mesures. Tout appareil de mesure doit être capable de détecter de telles différences s'il doit servir à comparer les instruments de musique et à aider les fabricants. La précision du profil mesuré est également évaluée à l'extrémité des branches, où elle peut être vérifiée avec un pied à coulisse.

2. La réflectométrie d'impulsion.

Le but de la réflectométrie d'impulsion est d'obtenir le rayon interne d'un objet tubulaire. Ceci est fait en déterminant la réponse d'impulsion d'entrée de l'objet, qui est alors analysée pour déterminer le profil interne de perce.

2.1. La réponse d'impulsion d'entrée.

La réponse d'impulsion d'entrée est la séquence de réflexions qui serait obtenue si une impulsion acoustique étaient envoyée dans l'objet. Par exemple, considérons un objet se composant de trois sections cylindrique c1, c2 et c3, représenté sur la figure 1. Quand une impulsion acoustique se propage dans un tel tube, elle sera partiellement réfléchie et partiellement transmise à chacun des changements de rayon (y compris l’extrémité ouverte) ; les réflexions et les transmissions partielles à l'étape c1:c2 entre les cylindres c1 et c2 sont montrées sur la figure 1. Ainsi la réponse d'impulsion d'entrée sera une série de pics correspondant aux réflexions aux étapes c1:c2, c2:c3… et également aux réflexions multiples qui se produisent, par exemple, quand l'impulsion d'entrée transmise par c1:c2 est réfléchie par c2:c3 et finalement retransmise par c1:c2 vers la source. La forme de chacun des pics constituant la réponse d'impulsion d'entrée sera légèrement différente de l'impulsion en raison des pertes subies par l'impulsion au cours de sa propagation dans l'objet.


Figure 1. Un objet composé de trois cylindres c1, c2 et c3.
On a représenté un signal d'impulsion entrant dans l'objet, de même que la réflexion partielle et la transmission partielle à c1:c2.



Figure 2. Diagramme schématique du réflectomètre d'impulsion.

Il n'est pas possible de mesurer la réponse d'impulsion d'entrée directement puisqu'il est impossible de créer une impulsion acoustique idéale. La figure 2 montre un diagramme schématique de l'appareil utilisé pour obtenir la réponse d'impulsion d'entrée. L'impulsion initiale est produite en envoyant une impulsion carrée d’une durée de 80 µs au haut-parleur. L'impulsion acoustique résultante émise par le haut-parleur se propage le long du tube source, passe devant le microphone et entre dans l'objet. Les réflexions de l'objet se propagent en retour le long du tube source et sont détectées par le microphone qui est serti dans la paroi du tube source de sorte que la face avant du micro affleure la paroi aussi précisément que possible. Le signal reçu du micro est alors amplifié et échantillonné à 50 kilohertz. Ici 1024 échantillons du signal réfléchi sont enregistrés donnant une série temporelle de réflexion durant approximativement 20 ms. La longueur du tube source et la position du microphone sont choisies pour s'assurer que seules les réflexions produites par l'objet sont enregistrées et non pas l'impulsion d'entrée ni les réflexions secondaires du haut-parleur. L'appareil est montré sur la figure 3.


Figure 3. Le réflectomètre d'impulsion

En utilisant la technique décrite ci-dessus, il est possible de mesurer les réflexions de l'objet ; cependant, ce n'est pas la réponse d'impulsion d'entrée parce que l'impulsion acoustique initiale n'est pas une fonction d'impulsion. Pour calculer la fonction de réponse d'impulsion d'entrée nous avons besoin de déconvoluer la réflexion mesurée avec l'impulsion d'entrée. Ainsi la réponse d'impulsion d'entrée est donnée par la transformée de Fourier inverse de IIR(ω)

R(ω) est la transformée de Fourier des réflexions mesurées, I(ω) est la transformée de Fourier de l'impulsion d'entrée et q est un petit facteur de contrainte pour empêcher la division par zéro. L'impulsion d'entrée a été mesurée en enlevant l'objet et en le remplaçant par un bouchon rigide qui termine le tube source et produit une réflexion parfaite de l'impulsion d'entrée. Cela assure que toutes les pertes de signal dans le tube, entre le microphone et l'objet ou le bouchon, sont prises en compte dans la déconvolution. Le rapport signal/bruit a été amélioré en prenant 1000 moyennes des deux signaux avant d'effectuer la déconvolution et les mesures ont été effectuées dans une chambre sourde.
Enfin, il est important de s'assurer qu'il n'y a aucune composante continue dans les signaux enregistrés ; celle-ci ne vient pas des effets acoustiques mais de l'électronique entre le microphone et l'ordinateur. La valeur de la composante continue impose une augmentation ou une diminution incorrecte au rayon (puisqu'elle n'est pas présente dans le signal acoustique) qui est ajoutée consécutivement à chaque point le long de l'objet dans la reconstitution finale. Ainsi même une très faible composante continue peut ajouter une erreur importante à la mesure du rayon à l'extrémité éloignée du tube. Pour obtenir la valeur de la composante continue additionnelle, on insère un tube de 403 millimètres de long et de rayon constant entre le tube source et l'objet. Le « tube DC » devient maintenant une partie de l'objet à mesurer parce qu'il correspond aux 403 premiers millimètres de la reconstitution. Avec le « tube DC » en place la réponse d'impulsion d'entrée est calculée comme précédemment avec l'équation (1). Maintenant, on sait qu’aucune réflexion ne se produira pendant les premières 2l/c secondes, où l est la longueur du « tube DC » et c la vitesse du son. La valeur moyenne de la réponse d'impulsion d'entrée obtenue pendant cet intervalle de temps correspond à la valeur de la composante continue. Cette valeur est alors soustraite du signal entier. Ceci s'est avérée une méthode efficace pour enlever le terme continu [7.11].

3. Reconstitution de la perce.

La réponse discrète d'impulsion d'entrée est une série temporelle de réflexions en provenance de l'objet. Ces réflexions se produisent toutes les fois qu'il y a une variation de l'impédance due à une augmentation ou une diminution du rayon du tube. Les objets considérés ont généralement un rayon qui varie continûment. Afin d'évaluer la perce interne nous représentons approximativement l'objet par une série de petits cylindres c1, c2. . . , chacun de longueur cδt/2, où δt est l'échantillon de temps. La section de chaque pas peut être calculée pourvu que la section initiale de l'objet soit connue (ou puisse être mesurée). Notons que la notation utilisée ici est semblable à la notation présentée sur la figure 1 ; cependant, ici chaque cylindre a la même longueur, l = cδt/2 et le rayon de chaque cylindre est le rayon moyen de l'objet réel dans la longueur correspondante l. Si un objet a un rayon constant sur plusieurs des cylindres-échantillon, alors il n’y aura aucune réflexion à cet endroit. Néanmoins, toutes les transitions entre les cylindres sont prises en compte séparément dans l'algorithme de reconstitution. Le premier terme de la série de réponse d'impulsion d'entrée correspond à la réflexion de l'impulsion à la frontière entre les premier et deuxième cylindres. Ainsi on peut obtenir la variation d'impédance, et par conséquent la variation du rayon à c1:c2. Ceci peut être répété en notant que les termes suivants de la série se composent des réflexions primaires et des réflexions multiples. Le taux d'échantillon utilisé partout était de 50 kilohertz. L'augmentation du taux d'échantillon à 100 kilohertz augmente la résolution des points le long de l'axe de l'objet. A part cela, on n’observe aucune augmentation discernable de la précision en diminuant la longueur des cylindres-échantillon. Il n'y a également aucune augmentation de la largeur de bande puisqu'il n'y a aucun signal mesurable au-dessus de 25 kilohertz.

Pour obtenir une bonne précision, il faut tenir compte des pertes visqueuses encourues par le signal à l'intérieur de l'objet. Celles-ci peuvent être significatives pour le rayon des objets que nous considérons et sont représentées par Keefe [17] comme fonction du rayon et de la fréquence. Ainsi dans chaque cylindre-échantillon les différentes fréquences composant l'impulsion seront amorties à des taux différents. Les changements résultants de forme et d'amplitude de l'impulsion sont pris en compte par un filtre de pertes. On peut trouver dans [13.14] une présentation détaillée de l'algorithme du filtre de pertes.

Le tube DC a été relié à la branche d'embouchure et au tube source à l'aide des coupleurs spécialement conçus, comme représenté sur la figure 4. Le coupleur joignant le tube source et le tube DC est conçu pour maintenir le rayon approximativement constant. Il y a une petite discontinuité de rayon à l'intérieur du coupleur joignant le tube DC à la branche d'embouchure. Différents coupleurs ont été construits de façon que le deuxième rayon interne du coupleur s’aligne approximativement sur le rayon interne de la branche d'embouchure à mesurer. Ainsi la discontinuité peut être une augmentation ou une diminution du rayon selon la branche d'embouchure.


Figure 4. Diagramme schématique (sans échelle) montrant comment le tube source, le tube DC,
la branche d'embouchure (leadpipe) et la gaine (sheath) sont couplés.

Il est bien connu qu'il se produit une série d'ondulation dans une reconstitution toutes les fois qu'il y a une grande discontinuité dans le rayon de l'objet, y compris l'extrémité ouverte d'une branche [7.11]. C'est le phénomène de Gibbs, qui surgit en raison de la largeur de bande finie des réflexions échantillonnées. Pour améliorer la reconstitution près de l'extrémité ouverte de la branche d'embouchure, une gaine cylindrique a été enfilée sur l'extrémité ouverte. C'est comme le tube de la trompette qui prolonge normalement la branche d'embouchure et cela a pour effet d'enlever l'ondulation de la reconstitution à la fin de la branche d'embouchure. Cette gaine est également montrée sur la figure 4.

4. Résultats.


Figure 5. Une reconstitution typique de la branche 10. La position du tube DC, du coupleur,
de la branche d'embouchure et de la gaine sont indiquées sur le graphique.
Sont indiquées aussi les ondulations qui se produisent autour d’une importante
discontinuité ou d’une extrémité ouverte, ici l’extrémité ouverte de la gaine.

La figure 5 montre une reconstitution typique de la branche 10, dans laquelle les différentes parties de la reconstitution sont identifiées. La section initiale est le tube DC qui devrait avoir un rayon fixe. La première partie du tube DC (approximativement 16,5 centimètres, correspondant à 1 ms du signal échantillonné) est fixée au rayon connu du tube dans l'algorithme de reconstitution. Ceci enlève toute pic numérique anormale dans la partie initiale du signal déconvolué. La deuxième partie de la reconstitution du tube DC est calculée à partir des réflexions échantillonnées. Ici nous voyons une petite variation du rayon mesuré, très inférieure à 0,1 millimètre. La deuxième section de la reconstitution est le coupleur utilisé pour relier le tube DC à la branche d'embouchure. Il est conçu pour s’enfiler sur le tube DC de sorte que la discontinuité du rayon interne soit minimale. Sur la figure 5 on voit qu’elle est d’environ 0,1 millimètre. On voit clairement aussi la petite discontinuité interne dans le rayon du coupleur. Dans la partie initiale de la branche d'embouchure il y a une partie conique qui reçoit la queue de l'embouchure de trompette. A l'extrémité de ce récepteur, il y a diminution du rayon de la branche (pour assurer la continuité du rayon entre l’intérieur de la queue d’embouchure et la branche, N.d.T.). Sur le réflectomètre, le coupleur est inséré dans la branche de la même manière qu’une embouchure ; il y a donc un chevauchement entre le coupleur et le début de la branche d'embouchure et ainsi cette partie initiale de la branche n'est pas mesurée. La reconstitution de la branche commence juste avant la discontinuité du rayon à l'extrémité du récepteur d'embouchure. La variation du rayon de la branche d'embouchure depuis cette discontinuité jusqu’à l'extrémité est d’environ 1,5 millimètres, augmentant d'une façon continue sur la longueur de la branche. Enfin nous voyons la gaine à la fin de la branche d'embouchure. On observe l'ondulation sur la reconstitution à l'extrémité ouverte de la gaine, et non à l’extrémité de la branche d'embouchure.

4.1. Reproductibilité et précision de la mesure.

En comparant la reconstitution d'un certain nombre de branches, pour observer la différence entre les branches, ou pour comparer un certain nombre de branches qui sont prévues pour être identiques, il est essentiel de connaître la précision des mesures de sorte que nous puissions déterminer si les différences dans la reconstitution correspondent à de vraies différences dans les branches ou aux incertitudes dans la technique de mesure. Un type d'incertitude quel est présent dans toute reconstitution est une incertitude systématique qui se produit dans chaque mesure. Tandis qu'il est souhaitable de pouvoir mesurer le rayon réel d'un objet avec un degré élevé de précision, il convient de noter qu'on peut encore observer des différences entre les branches (ce qui est notre premier objectif ici) en dépit de toutes les incertitudes systématiques. Il est donc plus important ici de considérer la reproductibilité et la fiabilité des mesures ; la précision absolue des mesures de rayon sera traitée brièvement dans le paragraphe 4.5.
La reproductibilité des mesures a été étudiée de deux manières. La méthode 1 consistait à faire dix mesures des réflexions de l'objet sans enlever la branche ni toucher l'appareil d'aucune façon. La méthode 2 consistait à prendre dix mesures séparées à différentes heures et différents jours, cet essai étant plus représentatif des conditions dans lesquelles le réflectomètre est susceptible d'être utilisé dans un atelier d'instruments de musique.


Figure 6. RMS des variations entre des reconstitutions répétées de la branche 10.
Les reconstitutions ont été répétées en utilisant la méthode 1 (courbe pleine) et la méthode 2 (courbe en pointillés).


Figure 7. Moyenne quadratique (RMS) des variations entre les reconstitutions répétées de la branche G0.
Les reconstitutions ont été répétées en utilisant la méthode 1 (courbe pleine) et la méthode 2 (courbe pointillée).

Les méthodes 1 et 2 ont été utilisées pour examiner la reproductibilité de la technique à l'aide des branches 10, 38 et G0. La moyenne quadratique (désignée par RMS = root mean square) de ces variations a été calculée et est montrée sur les figures 6 et 7 pour les branches 10 et G0 respectivement. Les résultats pour la méthode 1, correspondant à dix mesures, sont représentés par la courbe pleine et les résultats pour la méthode 2, correspondant à six des dix mesures qui ont été choisies parce qu'elles ont été faites à des températures semblables, sont représentées par la courbe en pointillés. Sur la figure 5 nous pouvons voir qu'il y a des discontinuité au voisinage de 0,4 et 0,5 m de l'origine de l'objet (dans le coupleur) et que la branche d'embouchure de trompette se trouve entre environ 0,5 et 0,75 m. Une branche d'embouchure de cornet fait environ de 0,5 à 0,9 m de long. Il y a un certain nombre de caractéristiques générales sur les figures 6 et 7 qui ont été également observées pour la branche 38. Premièrement, il y a un certain nombre de pics à approximativement 0,4 et 0,5 m correspondant aux discontinuités de diamètre dans le coupleur et à environ 1,0 m dans la figure 6 et 0,9 m dans la figure 7 correspondant respectivement à l'extrémité ouverte de la gaine et à l'extrémité de la branche d'embouchure de cornet. Les pics observées pour la méthode 2 sont dus aux différences de température entre les mesures, et aux différences entre la longueur du coupleur qui a été inséré dans la branche (qu'on voit varier jusqu'à 2 millimètres). Puisque la vitesse du son est une fonction de la température, le nombre de points de mesure et leur séparation sera différent pour des reconstitutions faites à des temperatures* différentes. Sur la figure 7 il y a des pics à 0,4 et 0,5 m pour la méthode 1 suggérant qu'il a pu y avoir un petit changement de température pendant la demi-heure prise pour obtenir les mesures. En dehors des pics, la moyenne quadratique des variations est en général d'environ 0,01 millimètre dans la région des branches et généralement pas supérieure à 0,02 millimètre. Ceci suggère que le réflectomètre d'impulsion devrait pouvoir distinguer les branches pourvu qu'elles diffèrent de plus de 0,03 millimètre de rayon environ. On peut s'attendre ce que les variations autour des zones de discontinuité du rayon aient des niveaux de reproductibilité similaires aux autres régions dans des conditions idéales de contrôle de la température.

* Noter que le problème se pose ici en raison de la façon dont les résultats sont comparés. Normalement la vitesse du son est prise en compte dans l'algorithme en changeant la distance entre les points de mesure.

4.2. Reconstitution de branches d'embouchure de trompette.

La figure 8 présente des reconstitutions de branches d'embouchure de trompette, pour les deux mandrins I et II. Trois exemplaires de la branche 10 (désignés par 10a, 10b et 10c) et quatre de la branche 38 (branches 38a, 38b, 38c et 38d) ont été reconstitués et sont également présentés sur la figure 8. Les exemplaires des branches sont prévus pour être identiques, mais ils ne peuvent pas l'être totalement. Les graphiques ne portent que sur la branche d'embouchure, et l'axe de longueur a été gradué de telle sorte que zéro corresponde au début de la branche. Dans certaines des branches où la discontinuité initiale est plus importante, on observe une certaine ondulation dans la reconstitution (voir par exemple la branche 10). Cette ondulation peut perturber un peu les mesures, particulièrement près de la discontinuité, et peut empêcher de détecter de petites différences. Dans la section centrale, entre une éventuelle ondulation initiale et la convergence à l'extrémité des branches, les différences entre les différentes tailles de branches sont clairement onservables dans chaque famille. En outre la différence entre les exemplaires d'un même modèle de branche est beaucoup plus petite que la différence entre des modèles différents (branches portant un numéro différent). Ainsi, si on avait affaire à une branche inconnue, il devrait être possible de déterminer quelle branche c'est.


Figure 8. Reconstitution des quatre branches des familles de mandrins I et II : on montre ici trois exemplaires de la branche 10 et quatre de la branche 38.

Figure 9. Reconstitution des familles G et K des branches d'embouchure de cornet. On montre la reconstitution de deux exemplaires de la G0 et deux de la K2.

4.3. Reconstitution de branches d'embouchure de cornet.

Portons maintenant notre attention sur les reconstitutions de branches d'embouchure de cornet. La figure 9 montre des reconstitutions des branches de types G et K. Ces deux familles contiennent trois branches marquées 0, 2 et 4 à mesure que leur rayon augmente. Nous avons également étudié la reproduction G0 et les branches K2. On voit clairement sur la figure 9 que le rayon moyen de la famille G est plus petit que celui de la famille de K, et que la gamme des rayons dans la famille K est moins étendue que dans famille G. La Figure 9 montre seulement une petite différence entre la branche K0 et K4, en général environ 0,1 millimètre. On voit que les profils des deux exemplaires de la K2 s'intercalent entre ceux des K0 et K4 sur l'ensemble de leur longueur, et que la parenté entre les deux branches K2 est bien plus grande que l'accord entre n'importe laquelle des autres courbes. Ceci montre le degré élevé de précision atteint dans la fabrication des deux branches K2 où la courbure des branches n'introduit que peu de variations. La figure 9 montre également la croissance du rayon des branches G0 à G4. C'est évident partout excepté près de l'origine où la branche G2 semble plus petite que les deux branches G0. Comme c'est proche de la discontinuité initiale et que les différences sont faibles il est difficile de dire si c'est dû à une petite ondulation sur la reconstitution. Il y a également une différence significative entre les deux branches G0. En beaucoup d'endroits la différence entre les deux branches G0 est comparable à la différence entre la branche G0 la plus large et la branche G2, et dans quelques endroits elle est même supérieure. On voit aussi que G0b est plus étroite que G0a sur la majeure partie de sa longueur, mais que près de l'embouchure elle est plus large. Noter que la figure 9 présente deux mesures répétées de la branche G0a, et elles sont en bon accord. Les mesures répétées de G0b ont montré de même une bonne concordance avec la reconstitution qui est représentée ici. On ne sait pas pourquoi la différences entre les branches G0a et G0b est supérieure à la différence entre des esemplaires d'autres branches. Le fabricant s'attend à ce que les branches de cornet présentent une plus grande dispersion de caractéristiques due à leur forme incurvée ; ceci a pu expliquer la déviation. Il est également possible qu'une des branches ait été endommagée d'une manière quelconque, pendant sa fabrication, son transport ou pendant sa mesure.

Examinons maintenant la gamme complète des branches de cornet à travers les cinq branches R0, A0, G0, K0 et T0 représentées sur la figure 10. Le fabricant [16] indique que les branches devraient avoir un rayon croissant du plus petit (R0) au plus grand (T0) en passant par A0, G0 et K0. La figure 10 présente les deux branches G0 pour montrer comment elles s'insèrent entre les différentes familles. Clairement les branches ont bien le rayon croissant indiqué par le fabricant, et les branches sont reconnaissables excepté la plus petite branche, la R0, qui produit une grande quantité d'ondulations. La discontinuité (due au récepteur d'embouchure, NdT) à l'entrée de cette branche est plus grande que dans chacune des autres. L'amplitude de l'ondulation est, à son maximum, d'environ 0,3 millimètre, ce qui serait acceptable dans beaucoup d'applications ; cependant, ici elle rend impossible de comparer la branche R0 aux autres, au moins pour la première moitié de la branche. Les deux branches G0 se trouvent entre la A0 et la T0 sur la majeure partie de leur longueur, excepté une partie comprise entre 0,08 et 0,15 m où G0a devient sensiblement plus petite que A0. Ceci suggère que G0b pourrait être la branche correcte et G0a celle qui a été endommagée, bien que la preuve n'en soit pas constituée ; il faudrait mesurer un autre exemplaire de G0 pour le confirmer.


Figure 10. Reconstitution des branches d'embouchure de cornet R0, A0, G0, T0 et K0.
On montre les deux exemplaires de la branche G0.


4.4. Différences entre exemplaires d'un même modèle de branche.

Les exemplaires de branches que nous avons eu à notre disposition étaient 10a, 10b, 10c ; 38a, 38b, 38c, 38d ; G0a, G0b et K2a, K2b. On a mesuré plusieurs fois chacune de ces branches et étudié les différences entre exemplaires, par exemple 10a-10b. La figure 11 montre ces différences pour les branches 38 et K2 et deux de ces différences pour la branche G0. Les résultats présentés pour les branches 38 et K2 sont typiques des autres résultats obtenus pour ces branches et pour les résultats obtenus pour la branche 10. La différence entre exemplaires d'un modèle de branche n'est généralement pas supérieure à la différence observée entre des mesures répétées d'une même branche. Ainsi la dispersion entre répliques d'une même branche est trop petite pour que le réflectomètre la détecte. Les deux comparaisons répétées des branches G0a et G0b montrent une différence notable entre branches qui est distincte de la dispersion des mesures répétées d'une même branche. Nous pouvons donc dire avec certitude qu'il y a une différence observable entre les deux branches G0, bien que la différence ne soit jamais supérieure à 0,12 millimètre.


Figure 11. Différences entre les reconstitutions des branches G0, K2 et 38.


4.5. Précision des mesures.

Dans les paragraphes précédents nous nous somme plus préoccupés de comparer la forme d'une série de branches plutôt que d'obtenir une mesure exacte de leur rayon. Pour étudier la précision des mesures de rayon faites par le réflectomètre d'impulsion, on a étudié les rayons des extrémités obtenus à partir de chacune des reconstitutions de branche d'embouchure de trompette. Les rayons ont été arrondis au 0,01 millimètre le plus proche. Les résultats sont présentés sur la figure 12 qui montre l'occurrence de chaque rayon. Le graphique pour l'ensemble des branches de trompette a deux pics distincts de part et d'autre du rayon moyen de 5,755 millimètres. La courbe pour le mandrin I présente un pic à 5,75 millimètres tandis que les mandrin II et III présentent des pics à 5,77 millimètres, ce qui explique le double pic observé dans la courbe pour l'ensemble des branches. La dispersion des résultats est de 0,1 millimètre, tous les résultats étant compris entre 5,7 et 5,8 millimètres. La courbe pour la branche 10a fait une pointe à 5,73 millimètres et a une dispersion telle que plus de 75 % des résultats pour le rayon final sont dans une fourchette de 0,03 millimètre ; c'est conforme aux résultats de moyenne quadratique présentés ci-dessus et à l'affirmation que des différences entre branches aussi petites que 0,03 millimètre peuvent être détectées.


Figure 12. Occurrence de chaque rayon d'extrémité (arrondi au 0,01 millimètre le plus proche) pour chacune des reconstitutions de branche d'embouchure de trompette.
Les résultats sont présentés en cinq groupes correspondant à l'ensemble des branches de trompette, toutes les branches construites avec chacun des mandrins I, II et III, et à toutes les reconstitutions de la seule branche 10a.

La figure 12, cependant, ne met en lumière que les différences ; elle ne répond pas à la question de la précision d'une mesure du rayon d'extrémité de la branche obtenue par le réflectomètre. Le rayon d'extrémité d'une branche 10a a été mesuré à l'aide d'un pied à coulisse qui donne 5,75 ± 0,025 millimètres. Les 32 reconstitutions de la branche 10a, représentées sur la figure 12, ont une valeur moyenne de 5,742 millimètres pour le rayon d'extrémité, avec un écart type de 0,020 millimètre, et aucune des reconstitutions n'a un rayon d'extrémité en dehors de la plage 5.7-5.8 millimètres. Par conséquent, on peut penser que l'incertitude sur la mesure à l'extrémité de la branche d'embouchure de trompette n'est pas supérieure à ± 0,05 millimètre. Comme prévu, c'est plus grand que la variation observée entre les reconstitutions d'une même branche (~0,03 millimètre) et que l'incertitude avec laquelle le rayon initial du tube DC peut être mesuré (±0,025 millimètre). Bien que supérieure à l'incertitude obtenue avec un pied à coulisse, cette incertitude est relativement petite et suggère que le réflectomètre soit non seulement utile pour observer de petites différences entre les objets, mais également pour donner une mesure précise du rayon interne. On s'attend à ce que la valeur de ±0,05 millimètre pour l'incertitude dans une mesure augmente avec la longueur et la taille de l'objet à mesurer. Il faut également noter que le réflectomètre mesure en fait la section d'un objet et donnera donc une valeur moyenne du rayon si la section transversale n'est pas circulaire. En outre, il n'est clairement pas possible d'obtenir des mesures avec cette précision dans les régions de la reconstitution où apparaissent des ondulations.

5. Discussion.

D'une façon générale, ces résultats ont prouvé que les différentes branches d'embouchure peuvent être distinguées les unes des autres à l'aide du réflectomètre d'impulsion. Cependant, dans quelques reconstitutions l'ondulation qui peut se produire à toute discontinuité de rayon dans la branche peut masquer le rayon réel de la branche. Dans la plupart des cas l'ondulation n'est pas assez grande pour poser un problème significatif ; cependant, trois des branches ont produit une quantité substantielle d'ondulations par rapport aux différences de rayon que nous mesurons. Ce sont les trois plus petites branches où la discontinuité est la plus grande : la branche 10 (voir la figure 8), la branche R0 (voir la figure 10) et la branche R2 (non représentée). Sur la figure 8 l'ondulation sur la reconstitution de la branche 10 est évidente sur la majeure partie de la reconstitution ; c'est seulement dans les 10 premiers centimètres que le niveau de l'ondulation est inacceptable puisque nous ne pouvons plus séparer la branche 10 des branches 12 et 14. L'ondulation sur la branche R0 sur la figure 10 est plus génante que sur la branche 10 et elle est inacceptable parce qu'elle rend presque la première moitié de la reconstitution inutilisable. Excepté ces trois branches, cependant, l'ondulation n'est pas un problème réel. Néanmoins, il serait utile de résoudre le problème de l'ondulation. Une approche possible est d'utiliser des techniques de post-traitement pour introduire des retards de temps partiels de façon que l'écart entre deux cylindres-échatillon coïncide avec l'écart réel. Il faudrait un travail de recherche complémentaire pour valider cette approche, à la fois en termes de réduction des ondulations et de temps de calcul.

6. Conclusion.

Un certain nombre de branches d'embouchure de trompette et de cornet ont été étudiées en utilisant la réflectométrie d'impulsion. En changeant de branche d'embouchure un instrumentiste peut changer significativement les caractéristiques musicales de jeu de l'instrument, mais les différences entre les branches sont faibles : typiquement le rayon différera de moins de 0,1 millimètre entre des branches semblables. En comparant des reconstitutions de ces branches d'embouchure nous avons examiné la capacité du réflectomètre à les distinguer entre elles. Le réflectomètre peut typiquement détecter des différences de rayon supérieures à 0,03 millimètre. Puisque toutes les branches qui sont nominalement de la même taille ne sont pas identiques, les différences entre des exemplaires d'une même branches ont été également étudiées. Dans la plupart des cas les différences étaient inférieures à 0,03 millimètre et au-dessous de la résolution du réflectomètre. Dans un cas on a observé des différences discernables entre deux exemplaires d'une branche d'embouchure de cornet. Ces différences pourraient être apparues pendant la fabrication des branches, en particulier dans le recourbement de la branche d'embouchure de cornet, ou bien elles pourraient être dues à des dommages postérieurs. La différence entre les exemplaires d'une branches était en général plus petite que les différences observées entre les branches voisines qui peuvent facilement être identifiées par le réflectomètre. La précision des mesures obtenues à partir du réflectomètre a été également considérée brièvement. À l'extrémité de la branche l'incertitude tirée d'une reconstitution s'est avérée ±0,05 millimètre. C'est légèrement moins précis que la mesure par un pied à coulisse ; cependant, le réflectomètre a l'avantage de pouvoir faire des mesures dans les endroits inaccessibles. On a évoqué brièvement les problèmes qui restent à résoudre en réflectométrie ; la difficulté principale observée ici est l'ondulation qui apparaît dans une reconstitution près d'une discontinuité de rayon.
De façon générale, le réflectomètre s'est avéré capable de détecter de petites différences entre branches d'embouchure qui produisent des différences de caractéristiques musicales des trompettes et cornets faibles mais audibles. Ainsi nous concluons que le réflectomètre est un outil utile pour étudier les instruments de musique tubulaires et également pour diagnostiquer et localiser de façon précise des défauts pendant la fabrication des instrument.

Remerciements.

Ce travail a été soutenu par le Conseil de la recherche en technologie et sciences physiques, R-U.

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Traduit en janvier 2004 par Joël Eymard pour le site web "Tout sur la trompette"