Original article in English 
  L'embouchure de trompette asymétrique
  
  JOHN H. LYNCH
  ITG Journal / Février 1996
Depuis de nombreuses années, on essaie
  d’améliorer les performances
  des embouchures de trompette dans des domaines spécifiques tels que
  la facilité du jeu, un plus beau son, et un registre aigu plus facile.
  Ces efforts ont été, à ma connaissance, essentiellement
  basés
  sur une approche par essais et correction d'erreurs, où une amélioration
  est déterminée en sollicitant les avis de divers musiciens. Cette
  approche de la conception des embouchure a eu un succès limité.
  Des progrès ont été accomplis à partir de ces travaux
  empiriques, mais seules ont émergé quelques règles générales
  pouvant être considérées  comme valides.
  Deux de ces dernières,
  qui sont habituellement considérés comme règles de base
  et sont largement acceptés tant par les fabricants d'embouchures que
  par les trompettistes, sont : 
• Une embouchure ayant une cuvette peu profonde (de faible volume) permet
  de jouer plus facilement les notes les plus aiguës mais produit un son
  plus métallique sur toute la tessiture de l'instrument. Une embouchure à cuvette
  peu profonde est donc souhaitable pour la première propriété et
  indésirable pour la seconde. 
• Une embouchure ayant une cuvette profonde (de volume élevé)
  produit un son plus souhaitable mais est fréquemment difficile à jouer
  dans le registre aigu extrême. Une embouchure à cuvette profonde
  est donc souhaitable pour la première propriété et indésirable
  pour la seconde. 
  
  Ces règles ont conduit à deux approches distinctes du jeu de la
  trompette. L'approche la plus commune, adoptée par beaucoup d'instrumentistes,
  est d'utiliser une embouchure ayant une cuvette de profondeur intermédiaire
  comme compromis. L'autre approche consiste à utiliser une embouchure à cuvette
  très profonde ou une embouchure à cuvette très peu profonde,
  selon le style de jeu choisi par un interprète particulier ; c.-à-d.,
  si toutes ses exécutions exigent de jouer dans l’extrême aigu,
  il utilisera une embouchure très peu profonde et acceptera d’avoir
  un son cuivré dans le registre inférieur. Mais si toutes ses exécutions
  n'exigent pas de jouer dans l’extrême aigu, il utilisera une embouchure
  profonde afin d'obtenir un son plus beau et plus large. Cela a été et
  reste l’approche traditionnelle du choix de l'embouchure, qui laisse beaucoup à désirer. 
  
  Dans le cas de l'instrumentiste qui choisit le compromis d’une cuvette
  de profondeur moyenne, un tel compromis limite habituellement sa capacité à jouer
  l’extrême aigu, et donne également une qualité de
  son un peu moins qu'idéale. Et, pour l'instrumentiste qui choisit une
  cuvette très peu profonde
  ou très profonde, on observe des limitations semblables dans la capacité à jouer
  dans l’aigu ou dans la qualité du son. Ces limitations sont un
  problème,
  car les lèvres d'un interprète doivent s’habituer à un
  changement d’embouchure ; cette acclimatation peut nécessiter
  seulement quelques jours, mais dans certains cas elle peut prendre des semaines.
  Il n'est donc généralement pas possible de passer d'une conception
  de cuvette d’embouchure à l'autre pour s’adapter aux besoins
  immédiats
  de la musique. Ainsi, actuellement les embouchures disponibles n'offrent pas
  au trompettiste une solution efficace aux problèmes de tessiture ou
  de son.
  
  Jouer de la trompette présente de plus d’autres difficultés
  fondamentales. L’une est le grand effort physique
  requis de l'instrumentiste pour atteindre sa propre
  limite dans l’aigu. Une autre est que même l'embouchure la moins
  profonde existante ne peut être jouée de façon fiable 
  par des élèves trompettistes avancés dans leurs études,
  dont certains sont des instrumentistes compétents à d'autres égards,
  que jusqu'à un
  modeste contre-ut approximativement. On attend aujourd'hui des trompettistes
  qu’ils soient capables de jouer de façon courante dans le registre
  suraigu jusqu'au contre-sol et parfois jusqu'au « bi-contre-ut ».
  Les élèves sont donc souvent découragés quand ils
  essayent de jouer dans l’aigu, parce que bon nombre d'entre eux éprouvent
  même de la difficulté avec une note aussi basse que le Fa au-dessus
  du Do médium ; beaucoup, sinon la plupart, considèrent le bi-contre-ut
  comme inaccessible. Ceci a tendance à réfréner leur enthousiasme
  ; beaucoup abandonnent complètement la trompette pour cette raison.
  Pour récapituler l'état actuel des trompettistes en général,
  nous pourrions dire qu'ils se classent en approximativement quatre catégories
  : 
• Une poignée de spécialistes professionnels qui peuvent,
  avec un effort physique extrême et des embouchures très peu profondes,
  jouer dans le suraigu jusqu’au bi-contre-ut, mais dont le son est dur dans
  le registre inférieur. 
• Peut-être dix pour cent qui peuvent jouer jusqu’aux environs
  du Fa au-dessus du contre-ut, là encore avec un effort extrême et
  des embouchures relevées ; ces instrumentistes ont également souvent
  un son médiocre. 
• Probablement trente pour cent qui peuvent jouer seulement jusqu'aux environs
  du contre-ut, également avec un effort extrême. 
• Les quelque soixante pour cent restants, la plupart du temps des étudiants,
  qui peuvent seulement jouer de façon fiable jusqu'aux environs du sol
  en haut de la portée, et avec des difficultés considérables. 
  
  Il est clair que la majorité des trompettistes sont limités,
  préoccupés,
  et/ou gênés d'une certaine manière par les embouchures
  actuellement disponibles. Et, en dépit des tentatives des fabricants
  d'instruments et d'embouchures pour résoudre ces problèmes, aucun
  jusqu'ici n'a réussi. La conception actuelle   des embouchures
  n’a
  pas progressé significativement, concernant ces problèmes
  particuliers, au delà des règles de base mentionnées
  plus haut. Ce qu’il faut, c’est une nouvelle conception d'embouchure
  qui réduise
  la difficulté à jouer dans l’aigu pour tous les trompettistes, étudiants
  aussi bien que professionnels. Cette nouvelle conception devrait également étendre
  le registre aigu des instrumentistes d’un nombre significatif de demi-tons,
  idéalement cinq ou plus. Et en même temps, elle devrait imposer
  seulement des restrictions minimales à la qualité de son. L'embouchure
  décrite ci-après a été conçue pour
  satisfaire ces demandes.
  
  L'embouchure asymétrique 
  Pour mieux comprendre la façon dont l'embouchure asymétrique
  satisfait les critères de conception qu’on vient de mentionner,
  il est nécessaire de passer en revue le mécanisme de la production
  du son avec une embouchure de cuivre, et c’est le but des remarques suivantes. 
  Une idée fausse répandue au sujet de production du son des cuivres
  est que puisque le son est produit par des lèvres vibrantes sous tension,
  on peut augmenter la hauteur du son en augmentant la raideur dans le tissu
  des lèvres. Nous pouvons voir, pourtant, en utilisant l'analyse physique élémentaire,
  qu’une augmentation de raideur seule dans le tissu des lèvres
  de l'interprète est insuffisante pour fournir la fréquence de
  vibration des lèvres exigée pour jouer sur l'étendue complète
  d'un cuivre. L'instrument  produit environ quatre octaves utilisables.
  Monter la note d'une octave double sa fréquence
  ; augmenter de quatre octaves la multiplie par seize. Si nous supposons que
  tous les paramètres physiques tels que l'élasticité des
  lèvres,
  la masse etc. sont des constantes, et si seules la raideur et la fréquence
  peuvent changer, nous pouvons, en utilisant l'équation élémentaire
  donnant la fréquence en fonction de la raideur dans un oscillateur simple,
  exprimer le rapport de la raideur maximale à la raideur minimale comme
:

  ou raideur maximale = raideur minimale x 256,  
 de sorte que même si la raideur minimale était seulement de quelques
  onces, la raideur la plus élevée serait de plus de trente livres
  et romprait sûrement le tissu fragile des lèvres. Ainsi, nous
  pouvons sans risque conclure que la tension des lèvres seule ne peut
  pas produire une gamme de quatre octaves. Quel est alors, pourrions-nous demander,
  le mécanisme supplémentaire qui permet de jouer sur quatre octaves
  ? 
  
  Le fait est que bien que les fréquences les plus élevées
  dépendent dans une certaine mesure de la tension accrue du tissu des
  lèvres, le mécanisme causal principal qui est en jeu ici est
  une réduction de la masse vibrante efficace de la lèvre supérieure.
  Cette réduction est provoquée par la lèvre inférieure
  de la façon suivante. Quand l'interprète souhaite monter la note,
  - qu’il y arrive ou non – il presse la lèvre inférieure
  vers le haut contre la lèvre supérieure. Cette compression ascendante
  a pour effet d'immobiliser partiellement la lèvre supérieure
  et de réduire de ce fait sa masse vibrante efficace. Quand la masse
  de l’oscillateur est réduite, la fréquence de la vibration
  augmente, et la note monte. 
  
  On constate cet effet avec d'autres oscillateurs, tels qu'une corde de violon.
  Pour monter la note, un violoniste raccourcit la corde en l’appuyant
  plus bas contre la touche avec son doigt. La seule partie qui est alors libre
  de vibrer est comprise entre son doigt et le chevalet ; cette partie a une
  masse plus faible que la corde complète sans le doigt pour la raccourcir.
  Ainsi, la corde plus légère et plus courte a une fréquence
  de vibration plus élevée. La tension de la corde est essentiellement
  la même, avec ou sans  raccourcissement. Les deux lèvres d'un
  joueur de cuivres fonctionnent ensemble comme la corde du violon et le doigt
  du violoniste. Jouer sur l'étendue complète de la trompette en
  comptant sur la seule variation de tension des lèvres serait comme jouer
  du violon avec une seule corde à vide, changeant constamment la hauteur
  en utilisant uniquement la cheville d'accord - clairement une impossibilité !
  Quand nous changeons la tension des lèvres, c’est comme changer
  de corde sur un violon. C'est un changement brut (il y a quatre cordes), et
  plusieurs hauteurs de son sont disponibles avec une tension donnée,
  exactement comme plusieurs hauteurs de son sont disponibles avec une corde.
  Quand nous montons la lèvre inférieure en jouant de la trompette,
  c’est
  comme appuyer le doigt sur la corde en jouant du violon. Cela produit un changement
  de tension et un changement de masse, mais le changement de masse est clairement
  le plus important. Il est nécessaire de se rappeler dans toute cette
  discussion, que si trop de pression est appliquée aux lèvres
  par l'intermédiaire
  de l'embouchure, on en perd le contrôle et les aigus deviennent inaccessibles
  ; aussi nous devons nous efforcer de "garder de la chair" c.-à-d.,
  garder une épaisseur suffisante de lèvres entre l'embouchure
  et les dents. Toute "pression" requise doit être pensée
  comme verticale entre les lèvres, plutôt que horizontale (embouchure
  contre les lèvres). 
  
  Des études expérimentales (réf. Henderson) ont vérifié que
  les lèvres supérieure et inférieure d'un trompettiste
  fonctionnent de manières distinctes et différentes. Dans ces études,
  la fonction de la lèvre supérieure s'est avérée
  de vibrer d’avant en arrière (pour ouvrir et fermer le passage)
  afin d'admettre des bouffées d’air successives dans l'embouchure,
  créant de ce fait les compressions et les raréfactions d'air
  alternatives exigées pour la production du son. La fonction principale
  de la lèvre inférieure s'est avérée de se serrer
  vers le haut contre la lèvre supérieure afin de commander la
  fréquence de vibration de la lèvre supérieure en réduisant, à des
  degrés variables, sa masse vibrante efficace. Après avoir discuté la
  théorie du fonctionnement de l’embouchure, je voudrais maintenant
  examiner la géométrie de l’embouchure des cuivres telle
  qu'elle se relie à la théorie qui a été développée à partir
  d’études expérimentales systématiques, avec des
  prototypes expérimentaux, pour arriver au concept d'embouchure asymétrique
  que nous préconisons. 
  
  Si nous examinons les embouchures de cuivres actuellement disponibles, nous
  constatons sans exception qu'elles ont une symétrie radiale. Ceci suggère
  que les fabricants considèrent actuellement que, bien que les lèvres
  supérieure et inférieure aient apparemment une structure physique
  différente, et bien qu'elles aient clairement des fonctions différentes,
  une embouchure puisse fonctionner correctement sans en tenir compte ; c.-à-d.
  que toutes les embouchures disponibles dans le commerce et à symétrie
  radiale ignorent les différences physiques ou fonctionnelles entre les
  lèvres supérieure et inférieure. Nous notons, en revanche,
  que ce n'est  pas du tout le cas pour les instruments à anche,
  tels que la clarinette ou le saxophone. Avec ces instruments, les embouchures
  sont nettement asymétriques et sont conçues spécifiquement
  pour s’adapter à des différences physiques et fonctionnelles
  entre les lèvres supérieure et inférieure. Une autre explication
  possible pour la symétrie des embouchures de cuivres est que les fabricants
  ne sont peut-être pas conscients du mode de fonctionnement décrit ci-dessus,
  ou bien n’y attachent pas d’importance. Mais l'explication la plus
  probable pourrait être que les embouchures ont été toujours
  faites de cette façon. Historiquement, les premiers "instruments" étaient,
  selon toute probabilité, des cornes d’animaux avec le petit bout
  coupé. Depuis lors, la symétrie normale de la corne animale a
  régné. En outre, les embouchures sont tournées sur des
  tours, et ce mode de fabrication a probablement contribué à perpétuer
  la notion de symétrie comme étant exigée ou même
  idéale. En tout cas, la symétrie radiale n'a été jamais
  remise en cause jusqu'ici, pour tenir compte des fonctions différentes
  des lèvres expliquées ci-dessus. 
  
  Conjecturant qu'une cuvette d'embouchure pourrait probablement répondre
  différemment aux lèvres supérieure et inférieure
  aussi bien qu'à la profondeur de cuvette, on a construit des prototypes
  et réalisé des expériences en utilisant un modèle
  de « régression factorielle fractionnaire orthogonale composite » (réf.
  Davies et Lynch) dans lequel la courbure de la moitié supérieure
  de la cuvette, la courbure de la moitié inférieure de la cuvette
  et la profondeur de cuvette ont été traitées en tant que
  variables indépendantes. L'optimisation des performances de réponse
  résultant de l'équation a montré que l'embouchure idéale
  avait une moitié inférieure convexe et supérieure concave.
  Ces expériences, avec plusieurs prototypes réalisés ensuite
  pour explorer et développer cette configuration, ont mené à l'explication
  théorique suivante pour les résultats expérimentaux. 
  Supposons qu'à une fréquence quelconque, la lèvre inférieure
  d'un trompettiste exerce une force ascendante suffisante pour assurer qu’une
  masse efficace adéquate de lèvre supérieure vibrera pour
  produire cette fréquence. Quand le trompettiste essaye des fréquences
  de plus en plus élevées, il finit par atteindre la poussée
  ascendante maximale qu'il est capable d'exercer et joue à ce moment
  la note la plus aiguë qu'il est capable de produire. Considérons
  maintenant la lèvre inférieure plus en détail. 
  
  La partie de la lèvre inférieure qui se trouve en contact avec
  le bord de l'embouchure est bloquée sur sa face interne de façon
  rigide par les dents du bas. Elle est également bloquée sur les
  côtés et en bas par le bord de l'embouchure. Mais elle n'est pas
  bloquée sur sa surface frontale, qui fait face à la cuvette d'embouchure,
  ni sur sa surface supérieure, qui est pressée vers le haut contre
  la lèvre supérieure par le trompettiste. Cette poussée
  ascendante est provoquée par la contraction des muscles des lèvres,
  particulièrement les muscles qui commandent la lèvre inférieure.
  Le tissu des lèvres est alors renflé vers le haut et vers l'avant,
  les seules directions dans lesquelles il n'est pas bloqué. La composante
  ascendante du renflement produit l'immobilisation exigée de la lèvre
  supérieure, et le composante vers l'avant fait pénétrer
  la lèvre inférieure dans l'embouchure. Ce bombement vers l'avant
  n’apporte rien d'utile ou significatif, excepté de réduire
  légèrement le volume de cuvette, ce qui produit un effet léger,
  voire négligeable, sur les qualités de justesse et de timbre.
  Cela étant rappelé, nous considérons maintenant une géométrie
  alternative pour la moitié inférieure de la cuvette.
  
  Si la demi cuvette inférieure en face de la lèvre inférieure
  est rendue suffisamment convexe (voir la photographie), la partie de la lèvre
  qui s’enfonce dans la cuvette tendra maintenant à être repoussée
  en arrière vers l'instrumentiste au contact de cette convexité.
  Alors la lèvre, étant un récipient élastique (tissu
  des lèvres) rempli de fluide essentiellement incompressible (sang),
  se comportera comme un ballon rempli d'eau et s’adaptera à cette
  compression additionnelle en enflant encore plus dans la seule direction non
  bloquée restante, à savoir vers la lèvre supérieure.
  Cette poussée ascendante additionnelle aura alors pour conséquence
  une immobilisation additionnelle de la lèvre supérieure et donc
  dans une augmentation de la fréquence de vibration de la lèvre
  supérieure; c.-à-d., un son plus aigu. Les prototypes ont permis
  une augmentation typique de la tessiture due à ce mécanisme allant
  jusqu’à sept demi-tons. En outre, en raison de la forme globalement
  convexe du bord principal de cette demi cuvette inférieure, l'action
  de ce mécanisme est progressif et augmente de façon continue
  avec la hauteur de son ; c.-à-d. qu’elle a un effet faible à nul
  dans les registres grave et médium où l'intrusion de la lèvre
  est négligeable, et un effet graduellement croissant avec la fréquence
  quand la pression d’air devient plus importante et que la pression accrue
  de l'embouchure contre les lèvres associée à la contraction
  musculaire plus forte cause normalement une plus grande intrusion de la lèvre
  inférieure. Ainsi, la convexité de la partie basse non seulement étend
  la tessiture du trompettiste dans l’aigu mais rend plus aisé le
  jeu dans ce registre. 
  
  La convexité de surface de la demi cuvette inférieure, par elle-même,
  réduira le volume global normal de la cuvette. Sans compenser cette
  réduction, le son tendrait vers le caractère cuivré des
  embouchures relevées à cuvette conventionnelle. Cette réduction
  de volume de cuvette peut être compensée, cependant, en agrandissant
  la partie concave supérieure de la cuvette. Par exemple, si nous savons
  qu'un volume particulier de cuvette symétrique produit une qualité particulièrement
  souhaitable de son, au lieu de réduire ce volume en rendant la cuvette
  moins profonde afin d'obtenir plus de possibilités dans l’aigu
  (comme on le fait actuellement, dégradant le son de ce fait), nous redistribuons
  dans l'espace ce volume particulier de cuvette en rendant le bas convexe et
  la surface supérieure suffisamment concave. Ceci se conforme à l'idéal
  dérivé des expériences ayant la demi cuvette inférieure
  convexe et supérieure concave. On a montré que c’est le
  volume total de cuvette et de queue d'embouchure, plutôt que la forme
  particulière d'une cuvette, qui tend à déterminer la qualité de
  son et les caractéristiques de jeu pour un instrumentiste donné (réf.
  Benade). Ainsi, dans le cas présent, la cuvette asymétrique aura
  essentiellement le même volume de cuvette que la cuvette symétrique,
  et la qualité de son demeurera intacte. Mais elle offrira une plus
  grande étendue et une plus grande facilité globale du jeu dans
  l’aigu par rapport à l'embouchure à cuvette symétrique. 
  
  Il convient de noter que toute forme symétrique de blocage de la lèvre
  inférieure limiterait également la lèvre supérieure
  et empêcherait sa vibration. Et, même si un tel blocage était
  de largeur relativement petite, il réduirait également l'envergure
  de la cuvette pour la lèvre supérieure. Mais la pleine envergure
  de la cuvette est exigée pour la lèvre supérieure sinon
  la masse vibrante serait trop restreinte et la propreté d’attaque
  compromise. Les calculs et les prototypes ont prouvé que même
  avec un repositionnement vertical de l'embouchure, la différence serait
  telle que si le jeu était amélioré par le blocage de la
  lèvre inférieure, il serait altéré par le blocage
  simultané de la lèvre supérieure. Ainsi, l'asymétrie
  est exigée. Il faut également noter que les instrumentistes utilisant
  un placement vertical incorrect de l'embouchure (autre que le 1/3 sur la lèvre
  supérieure et 2/3 sur la lèvre inférieure généralement
  admis) ne pourront pas utiliser l'embouchure asymétrique avec succès.
  Les instrumentistes qui placent l'embouchure "moitié sur chaque
  lèvre" par exemple ou plus sur le haut que sur le bas ressentiront
  la convexité comme un obstacle au jet d'air. La plupart des trompettistes,
  toutefois, utilisent le placement de l’embouchure « 2/3 en bas,
  1/3 en haut », qui est recommandé depuis plus d’un siècle
  (voir, par exemple, la méthode Arban) comme plus avantageux pour jouer
  dans l’aigu. Il est clair que c'est pour avoir moins de lèvre
  supérieure à immobiliser, mais ceci n’a été reconnu
  que par l’expérience avant les 50 dernières années.
  Les autres positions handicapent vraiment le trompettiste de façon inutile.
  
  
Résumé. 
  La conception asymétrique de la cuvette peut ajouter jusqu'à une
  demi-octave d’étendue dans l’aigu et faciliter plus généralement
  l’émission de toutes les notes dans ce registre, et ceci sans
  perte de qualité de son. L'embouchure à cuvette asymétrique
  discutée ci-dessus est donc sensiblement et indéniablement supérieure
  aux embouchures à symétrie radiale. En outre, la théorie
  sous-jacente à ce concept est validée par des prototypes et des
  données expérimentales systématiquement obtenues et ne
repose pas sur des essais empiriques.
L'embouchure asymétrique s’utilise
exactement de la même
  façon qu’une embouchure symétrique à une petite
  mais importante exception près ; l'asymétrique doit être
  insérée dans la trompette avec la partie convexe de la surface
  de cuvette vers le bas, afin d'être sensiblement plus proche de la lèvre
  inférieure que de la lèvre supérieure. Une fois installée
  avec cette orientation, aucune autre considération spéciale n'est
  exigée puisque l'embouchure ne tourne pas dans l'instrument quand
  on joue. Les essais ont prouvé qu’on peut tolérer au moins
  dix degrés de rotation, dans un sens ou dans l’autre, sans altérer
  sensiblement l'efficacité de l'embouchure asymétrique. En outre,
  l'orientation des coulisses de la trompette, des pistons, et de toute autre
  structure vis-à-vis de l'orientation axiale de l'embouchure fournit à l'instrumentiste
  une confirmation visuelle instantanée de l'orientation axiale de l'embouchure
  en jouant. Cette orientation demeurera à peu près constante,
  parce que la position de la main de l'interprète doit rester essentiellement
  la même en jouant pour assurer une bonne manipulation des pistons.
  
  Références :
  Henderson, H.W. An Experimental Study of Trumpet Embouchure. J.A.S.A., Vol.
  13, pp. 58-64, July 1942.
  Davies, O.L. The Design and Analysis of Industrial Experiments. Hafner Publishing
  Co., 1956.
  Lynch, J.H. A Systematic Approach to Model Development by Comparison of Experimental
  and Analytical Regression Coefficients. NASATM-X1797, May 1969.
  Benade, A.H. Fundamentals of Musical Acoustics. Oxford University Press, pp.
414-418, 1976.
Traduit en janvier 2004 par Joël Eymard pour le site web "Tout sur la trompette"