
J'ai collé un petit haut-parleur sur la cuvette d'une embouchure de trompette 
    (un écouteur qui se met dans l'oreille), percé un trou 
    de 1,5 mm de diamètre sur le côté de cette embouchure 
    et soudé un tube de même diamètre sur le trou. Un micro 
    Knowles à électret est attaché à l'embouchure 
    par un très court tube de plastique. Le micro est branché sur 
    un des préamplis de ma table de mixage Electro-Voice et sur le canal 
    de gauche de la carte son de mon ordinateur. Ce micro me permet de mesurer 
    la pression acoustique directement dans l'embouchure. Cet ensemble a été 
    installé sur une trompette "Bel Canto" modèle 54 (la 
    trompette de "Doc Severinsen"), avec la coulisse d'accord complètement 
    enfoncée. Un micro Shure BG4 placé à environ 1 cm devant 
    le pavillon de la trompette est branché sur le canal de droite de la 
    carte son. J'ai envoyé un signal sinusoïdal avec un balayage linéaire 
    en 10 s des fréquences de 100 Hz à 2000 Hz. La sortie 
    de la carte son alimentait mon logiciel de transformation de Fourier rapide 
    (FFT de "Sound Technologies") qui produisait les courbes suivantes 
    :
 
  
  

La résolution des fréquences est de 0,25 Hz. Les courbes 
  sont obtenues en prenant la moyenne sur 10 balayages. La courbe du haut est 
  obtenue à partir du micro fixé sur la cuvette de l'embouchure. 
  La courbe du bas est obtenue à partir du micro placé devant le 
  pavillon de la trompette. Les flèches sont placées à 125, 
  250, 375, 500, 750 et 1000 Hz, mais sont identifiées par les noms des 
  notes de musique qui peuvent être associées à ces fréquences 
  (C below the staff = "Do" grave ; High C = "contre-ut")
La notation "Do" est conventionnelle pour une trompette 
  en si bémol. Évidemment, la trompette n'est pas accordée, la coulisse 
  d'accord étant complètement enfoncée. On peut tirer plusieurs 
  conclusions intéressantes de ces courbes qui montrent les résonances 
  naturelles de la trompette.
  
    
La principale conclusion est que les résonances d'une trompette 
  ne sont pas les harmoniques d'une quelconque note fondamentale. Pour un physicien, 
  les harmoniques sont les multiples entiers exacts d'une fréquence fondamentale 
  et sont les constituants d'un signal périodique plus complexe. Quand 
  une note est jouée, le son peut être décrit comme le mélange 
  de nombreuses vibrations sinusoïdales de différentes fréquences 
  (les partiels). Si le son est périodique de fréquence f0, les 
  partiels sont les harmoniques de f0. Mais aucune note n'est un son périodique, 
  et ne peut donc être représentée de façon exacte 
  par une transformée de Fourier. En effet, puisque les notes ont une durée 
  finie, aucune n'est périodique au sens strict.
J'ai joué plusieurs notes mf sur la même trompette Bel Canto Modèle 54, avec la coulisse d'accord complètement rentrée, en utilisant mon embouchure Stork 1.5C, et je les ai enregistrées directement sur mon disque dur avec le même micro Shure BG4. J'ai mesuré la fréquence de la résonance la plus basse, que j'appellerai f, et j'ai mis des flèches sur le graphique à f, 2 x f, 3 x f, etc.



Ces courbes montrent un fondamental périodique de fréquence 
  f avec de nombreuses harmoniques qui sont les multiples entiers de f, pairs 
  et impairs. Par comparaison avec les résonances naturelles de la trompette, 
  il faut noter que :
  
    
Une trompette présente une série de résonances 
  naturelles relativement larges qui sont assez proches des multiples entiers 
  d'une fréquence "fondamentale". Mais cette "fondamentale" 
  n'est pas une résonance de la trompette. Le fait que les fréquences 
  de ces résonances soient approximativement les partiels d'une corde vibrante 
  témoigne des années d'évolution dans la conception du plus 
  noble des instruments. 
Les partiels d'une note jouée sont presque exactement les multiples 
  entiers de la fréquence de base de la note jouée ("do", 
  "sol", etc.). Ces partiels sont les harmoniques d'une fondamentale 
  et montrent seulement que la vibration est périodique mais pas sinusoïdale. 
  Le spectre de fréquence des partiels s'étend bien au-delà 
  des fréquences de résonances de l'instrument lui-même. Les 
  partiels résultent uniquement du fait que les lèvres de l'instrumentiste 
  n'ont pas une vibration purement sinusoïdale ; toutefois, l'amplitude relative 
  des partiels est fonction de l'instrument, comme je le montre dans un autre 
  article.
 Je ne sais pas pourquoi les notes obtenues en jouant l'instrument sont plus 
    basses que les pics de résonance naturelle, mais je vais y réfléchir.
  
  
On trouve les spécifications de la trompette Bel Canto à :
http://www.parduba.com/specs.html#54doc. Toutefois, le pavillon fait en réalité 4 7/8" de diamètre.John T. Lynch
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